Les dits du bout de l’île

C’est l’histoire d’un poète qui revient sur les terres de son enfance, et fait face à un pays qui grimace. Il tente de retrouver ses marques, mais tout le renvoie à l’ailleurs, à son étrangeté. Comme si c’était lui qui avait changé, comme s’il n’était plus de là. Il s’interroge sur lui, pour comprendre les autres. La figure de la mère l’aide à recoller les morceaux d’une mémoire en fragment. « Les dits du bout de l’île » posent la question de l’identité, de la mémoire, de l’amour, au moment ou le vivre ensemble est remis en cause. Quelle utopie pour demain ?

Ce projet représente toute mon enfance. Je suis né dans les années 80. Période de rupture et de bascule au sein de mon île. On est passé d’une entité traditionnelle à l’échelle du village à une organisation sociale tournée vers le monde extérieur. Dès lors, tout va vite et semble faire table rase des douleurs, des murmures et des doutes que mon île éructe avec gravité.

Créer un spectacle à partir d’un texte de Nassuf Djailani m’est donc apparu comme une évidence pour raconter comment l’intégration rapide de Mayotte au territoire français s’est faite non sans remous et blessures. Une mère dit son attente du fils, une femme dit son besoin d’amour, un homme se surprend à haïr… Une poésie qui interroge sans réponses définitives. El-Madjid SAINDOU